Je n'avais pas les codes pour affronter Paris

Je n'avais pas les codes pour affronter Paris
Publié le 28 février 2023
Chroniques Parisiennes
Chaque mois, My Little Paris publie une manière de ressentir Paris, partagée par un ou une Parisienne. Pour cette nouvelle chronique, on donne la plume à Victor Habchy, créateur de contenu qui est devenu connu sur les Réseaux Sociaux en posant des questions intimes à des inconnus dans les rues de Paris. On parle de lui comme “l’influenceur qui fait des trucs à vélo”, le mec qui dit « T’habites dans combien de m2 ? » , ou qui demande aux gens quel est leur plus grand regret. Ça le fait sourire. Quand il poste une vidéo, ça commente, ça buzze, et surtout ça fait du bien. Pour cette nouvelle chronique, il nous raconte comment les réseaux sociaux ont transformé son rapport à lui-même, et à Paris.  

 

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« Je m’appelle Victor, j’ai 30 ans, et j’habite à Paris. J’ai grandi en Picardie d’un père égyption et d’une mère du Sud de la France. J’ai débarqué à 18 ans à Nanterre, pour faire mes études à la fac. C’était pas la joie… J’habitais un 9m2 en haut d’une tour et j’avais du mal à m’acclimater. J’avais pas beaucoup d’argent, alors je zonais à la Défense, dans un skate parc du 18e, et puis aussi j’allais bouquiner dans les Fnac. J’ai passé des heures debout dans les rayons à éplucher les magazines photos et à lire des mangas ! A cette époque, Paris était une obligation : je n’avais pas les épaules et les codes pour affronter cette ville que je ne connaissais que par ses grandes stations de RER : Châtelet, Opéra, Nation…pas le vrai Paris quoi.  En fait, je n’avais qu’une obsession, c’était quitter Paris et partir voyager. 





Vers 20 ans, alors que je bouquinais dans un supermarché, je suis tombé sur un magazine photos avec une série de tirages consacrée au festival Burning Man*. Déclic : c’est tout ce que j’aimais, la liberté, la création. J’ai bouclé  mon mémoire, enchaîné des petits jobs pour pour pouvoir participer au tirage au sort. Je me revoie dans mon appart à Nanterre en train de recevoir un mail m’annonçant que j’ai gagné des billets pour Burning Man : c’était dingo. Je suis parti à l’improviste, avec mon appareil photo. C’était l’année où il y avait le plus de tempêtes de sable, et ça m’a servi car j’ai pu faire des photos très particulières. En rentrant, je les poste sur Facebook, et leur succès me dépasse : elles ont été énormément partagées. C’est comme ça que je suis devenu connu en tant que photographe. 




Après ça, j’ai beaucoup voyagé. Je sentais que c’était ce dont j’avais besoin pour avancer dans ma vie. Mon voyage le plus fondateur, ça a été de faire Paris-Istanbul à vélo : je ne faisais que du couchsurfing ( dormir chez l’habitant ), et partager des moments éphémères, ça m’a aidé à débloquer cette gêne d’aborder des inconnus. Quand on sait qu’on ne reverra sûrement jamais la personne, ça évite le small talk : on aborde plus vite les sujets profonds. 
 



C’est là aussi que je me suis rendu compte que comme je ne faisais pas partie de la vie des gens que je croisais, ils aimaient se confier, parce qu’ils savaient  qu’ils n’allaient pas être jugés : je n’avais pas d’enjeu dans leur existence. Et de mon côté, ça m’a rendu plus sincère. 

Puis j’ai créé sur Instagram Le Guide Ultime, des portraits d’adresses parisiennes avec des vidéos qui durent moins de 20 secondes. C’était très chouette, mais il me manquait quelque chose. J’avais envie de parler des gens : de leur histoires personnelles. J’étais très inspiré par le compte Human Of New York. Alors un jour, en Corse, j’ai rencontré une femme qui m’a parlé du décès de son mari. Je l’ai écouté, puis je lui ai demandé spontanément : “est-ce que tu aimerais me partager ça en vidéo ?” Et elle a répondu immédiatement oui. C’était pas un oui de politesse, c’est un oui qui disait “ j’ai envie de partager cette histoire. J’en ai presque besoin.”

Je l’ai filmé, et j’ai partagé : je n’avais jamais fait ça avant. En voyant les réactions positives, l'intérêt et l’empathie des commentaires, j’ai vu que ces vidéos faisaient du bien. Et c’est comme ça que j’ai commencé à filmer des gens à Paris. 
 



Je leur demande leur plus grand regret, le plus beau jour de leur vie, la rencontre ou l’événement qui les a bouleversé, la phrase fondatrice ou qui les a le plus blessés. Contrairement à ce qu’on pense, je suis super nul pour aborder les gens dans la rue, je me fais un peu violence, mais une fois que la conversation est engagée, là je sais écouter et créer une intimité. J’aime ce moment où on tombe les masques et où on entre dans la confidence. 

Moi ça me fait du bien de les écouter, eux de me parler, et plein de gens se retrouvent dans les histoires des autres. 

 

Rencontrer ces inconnus, c’est très puissant, ça rend plus humaniste. Ça permet de voir que derrière leur façade, les gens sont beaux. Vulnérables. Que chez chaque personne qu’on croise dans la rue, on peut trouver une histoire qui vaut la peine d’être écoutée. On ne fera jamais le tour des humains ... ni des Parisiens ! » 

Victor Habchy

Pour découvrir ses vidéos, suivez-le ici
* Burning Man est un festival artistique qui a lieu chaque année dans le Nevada

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