La chronique parisienne de Paul Second

La chronique parisienne de Paul Second
Publié le 01 novembre 2023
Chroniques Parisiennes
Paris : 20 000 habitants au km2. Sauf une zone où la densité se délite. Là-haut, sur les toits,  on croise des chats, des mouettes, et des toiturophiles. Comme Paul, 29 ans, photographe. Ses photos vertigineuses de chats de gouttières et de rooftops planqués ont fait le tour du monde et distillé de l’adrénaline dans les pupilles des Parisiens. Il a grimpé plus de 500 toits, une dizaine de grues et d’églises. On ne vous révélera pas le nom des monuments parisiens célèbres sur lesquels il est monté, mais on peut vous dire que dans la liste, il y a un musée très connu, un opéra, et un sacré monument. Comment devient-on grimpeur de toits ? Comment chope-t-on la folie des hauteurs ? Pour cette nouvelle chronique parisienne, on lui donne la plume. 
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« Grimper, ça a toujours été mon truc. J’ai grandi dans le 91, à Montgeron. Là bas, enfant, j’ai fait beaucoup de gymnastique, mais c’était trop cadré pour moi, j'aimais seulement le côté acrobatique. J'allais souvent à Fontainebleau avec mes parents et j’escaladais les rochers, je me prenais un peu pour Indiana Jones. Mais la folie des hauteurs, je l'ai chopée en découvrant le film Yamakasi : 7 jeunes, qu'on appelle les "samouraïs des temps modernes", qui escaladent des immeubles et effectuent des sauts vertigineux. Ce soir-là, l’enfant que je suis assis sur son canapé prend une claque, et a très envie de faire comme eux. 
C’est seulement quelques années plus tard au lycée, qu’avec un pote, je me mets à cette discipline, le Parkour, qui consiste à franchir le plus vite possible des obstacles urbains. Il faut être agile et créatif, trouver des lieux avec une architecture adéquate et affronter le regard des gens qui nous voient sauter en pleine rue. C'est pas évident mais à force d'entrainement, je me suis affranchi du jugement des autres. En fait, j'aime bien la philosophie de la répétition. A force de répéter un geste, rester 5 minutes devant un saut à trembler, un jour on se lance et on y arrive. Et ça, c’est valable dans tous les domaines de la vie. 

Après quelques années de Parkour, je décide de me confronter aux hauteurs et de monter sur les toits comme les fameux Yamakasis que j'avais admirés plus jeune. 

Mon premier toit s'est mal passé. C’était en pleine nuit, j'ai escaladé un échafaudage et  j’ai été surpris par un type, j’ai paniqué, je me suis fait mal, j'ai détalé. Une première expérience assez périlleuse, qui aurait pu me dissuader de poursuivre. Mais l'adrénaline était déjà là. Alors j'ai continué. A force de grimper, j’ai trouvé des techniques moins dangereuses, des astuces pour ne pas me faire repérer, et quand ça arrive, ça se passe dans la plupart des cas plutôt bien. 


 J'ai continué à grimper et je suis peu à peu tombé sous le charme des décors parisiens vus des hauteurs, que j'ai commencé à photographier et à partager sur mon compte Instagram
D'abord des photos de vues assez classiques, de couchers de soleil, de Tour Eiffel et autres monuments.
Puis j'ai développé un style de photo plus intimiste, j'ai commencé à documenter la vie parisiennes sur les balcons et les terrasses, ainsi que les façades atypiques, les dômes, les verrières des ateliers d’artiste, les ornements et autres détails qu'on ne distingue pas depuis les rues. Mes photos ont été très partagées, et j’ai commencé à vivre de ma passion. Maintenant, je suis photographe professionnel et je me sers de mes capacités à monter sur les toits pour proposer des photos avec des points de vues originaux à des clients comme des hôtels, pour faire des shootings, ou même des demandes en mariage.

Il n’y a pas beaucoup de passage sur les toits de Paris, mais je fais quand même des rencontres de tous types : des chats, comme celui que j’ai pris Place Vendôme, une des photos que j’ai le plus vendue. Des nids de mouette aussi, beaucoup d'échelles, quelques jardins perchés, d’autres grimpeurs, des gens pas toujours contents de nous croiser, et d’autres intrigués, comme cet ancien président à un dîner qui nous a fait coucou du dernier étage comme si tout cela était parfaitement normal. 



Là haut, tout est calme et solitaire : c'est pour ça que j'aime autant la vie sur les toits. Et puis aussi parce que grimper m’oblige à être pleinement dans le moment, dans un état de flow très apaisant. Sur terre, je suis rêveur, mais dans l’air je n’ai pas le droit à l’erreur. 
Maintenant, c’est devenu ma manière de vivre. En Angleterre, j’ai même dormi sur les toits, une sorte de vrai “air” Bnb. C'est aussi devenu ma manière de voyager : avant de grimper dans un quartier, je regarde sur Google Maps la topographie des toits et je trace des parcours : parfois, grâce aux nombreuses échelles, je peux faire tout une rue en passant d’un immeuble à l’autre. Ca me fait des vraies randonnées aériennes. Il y a les grimpeurs de montagne : moi, je suis définitivement un grimpeur de toits. » 

Paul Second, photographe du compte Toits de Paris.
Vous pouvez retrouver ses photos sur son compte Etsy

 

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