Dix ans après

Il y a eu la mort, il y aura la vie.
Il y a eu le froid, nous ferons du feu.
Nous avons pleuré, nous pouvons rire.
(...)
Au décès de Matthieu, j'ai découvert que je pouvais, dans la même journée, pleurer à en vider la mer et danser à en casser le plancher. Il était possible de côtoyer le désespoir le plus sombre et, dans la seconde d'après, de rêver de mille jours meilleurs. Embrasser ces ambivalences m'a sauvée. J'allais mal, très mal ? Creuse, ça passera. C'était drôle, très drôle ? Ris, c'est toujours ça de pris ! On parle peu de ces contraires qui se marient pourtant quand ça cogne fort dans la vie, c'est un secret trop bien gardé des cabossés.
Pour cette journée particulière, nous avons choisi le dessin de Debora Szpilman et les mots d'Aurélie Silvestre, qui a perdu son compagnon dans les attentats du Bataclan en 2015. Parce qu'aujourd'hui, ça cogne un peu plus fort que les autres années, on se concentre dans la plus belle des revanches : s'aimer, sortir, rire, danser... Vivre.
Extrait du livre d'Aurélie Silvestre, Déplier le coeur, paru en octobre aux éditions du Seuil.
















