La femme qui murmure à l’oreille des vivants

Au téléphone, sa voix est posée, douce. Claire et lumineuse comme le soleil de cet automne. A l’inverse de ce que l’on imaginerait d’une conseillère funéraire. En 2020, le Covid-19 décime des familles, les fleurs des tombes ne boivent plus les larmes des survivants et Aurore Merchin, journaliste parisienne, est bouleversée. Elle pense à ces dépouilles que personne n’a pu saluer une dernière fois, à ces endeuillés dont la peine n’a pas été entendue. Ça réveille de vieux et douloureux souvenirs personnels mais surtout, ça la pousse à opérer un virage à 360°. Elle entame alors une formation pour devenir conseillère funéraire, remettant ainsi l’humain au centre de ses préoccupations, et retrouvant par là-même une utilité sociale. Auprès d’Aurore, les choses s’enchaînent sans heurts et les tourments matériels s'effacent. Elle s'occupe de tout à votre place : vous aider à choisir le cercueil, la forme de l'urne, et à y voir plus clair parmi tous ces décisions absurdes qu'il vous faut prendre dans ce brouillard immense qu'est le deuil. C’est comme un poids qu’elle s’échine, toujours à enlever pour mieux apaiser les vivants, atténuer un peu leur douleur. Guider sereinement, humainement. Etre l’oreille attentive qui apporte un autre regard sur la mort aussi. La force d’Aurore, c’est surtout de parvenir à poser des mots sur les maux. A sa façon, elle est cette lumière au bout du tunnel. Celle dont parle les vivants. 

Aurore Merchin est sur Instagram : @le.chemin.de.traverse